Jean est un fauve sage, discret, un fauve caméléon. Il ne rugit – de couleur et de bonheur - que sur les murs de son atelier.Je découvris donc Jean Prévost, le peintre, en poussant la porte de son antre, au fond
d’une impasse du XVIIIème arrondissement parisien, dont le nom aux accents gouailleurs d’Edith Piaf était déjà un poème.
Jean m’apparut comme un magicien. Le voyage qu’il propose à ses hôtes les mène des quais de Seine aux villages ardéchois, des ports de pêche roses et verts aux intérieurs calmes et gourmands où des théières en
porcelaine racontent des histoires de Chine à des oranges d’Andalousie gorgées de sucre, des scènes de bal parisien aux évocations de tangos argentins…
Valérie Denarnaud-Mayer - Conférencière en histoire et histoire de l’art.
"Jean Prévost apparaît bien comme l’ultime héritier des chantres de la couleur pure. Néanmoins, par-delà les accointances stylistiques avouées, son langage témoigne d’une réelle indépendance, aussi bien par le dire que par le faire.
Le « dire » nous ramène au contenu dont les titres de ses toiles illustrent toute la diversité :
Marivaudage, Les amoureux du Tango, Cafetière rouge et fruits, Notre-Dame de Paris, Port de pêche en Bretagne, Chalutiers à quoi, Danseurs de tango à Buenos Aires, Tango argentino, etc… Portraits, natures
mortes, paysages, scènes de danse…, il n’est pas un genre que notre artiste ne veuille explorer, pas un thème où il ne fasse retentir le rythme sonore de ses teintes rutilantes ! Car c’est par le « faire » que Jean Prévost assure l’unité stylistique de son œuvre peint. Eloigné de tout intellectualisme, son art se caractérise par des contrastes de couleurs d’une grande audace lui conférant une spontanéité aussi chaleureuse que contagieuse. Poussant à l’extrême l’effet décoratif de la couleur, il utilise le cerne noir ou de couleur pour localiser précisément les différents tons et accentuer le dessin, exacerbant ainsi l’expressivité de sa composition.
Jean Prévost est à la peinture ce que Francis Poulenc est à la musique. Ne dit-on pas de ce dernier que ses compositions témoignent d’une personnalité à la fois… « moine et voyou » ?
« Moine » pour la compassion et la tendresse infinie que notre imagier transmet avec humilité, « voyou » pour ses couleurs crâneuses qui font swinguer la peinture, chalouper les filles, et nous disent combien "nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottines vernies. » (Baudelaire)"
Noël Coret - Ecrivain d’art Président du Salon d’Automne de Paris
Juin 2008